Le but du judo n’est pas de former uniquement des compétiteurs ou des techniciens mais d’aider ses pratiquants à se sentir bien dans leur vie quotidienne, à vivre en harmonie avec le monde qui les entoure.
L’enseignement, comporte des situations variées, ludiques, évolutives. Il porte sur l’apprentissage des techniques, mais surtout sur la maîtrise de soi : contrôle de la force, de l’équilibre, des chutes, ….
La pratique est donc adaptée en fonction des différents âges, afin de respecter les caractéristiques psychologiques et biologiques ainsi que des envies et besoins.
Jigoro Kano, fondateur du judo, voulait, plus encore qu’un art martial avec un apprentissage sans risque, fonder une méthode pédagogique d’éducation et a articulé l’apprentissage et la pratique du judo suivant 3 principes :
Le meilleur emploi de l’énergie
Le judoka est à la recherche de la meilleure utilisation de l’énergie physique mais également mentale : agir juste au bon moment en utilisant la force et les intentions du partenaire contre lui-même.
SEIRYOKU ZEN YO
精力最活用
Meilleure utilisation de l’énergie
« Pour un Japonais, Seiryoku saizen katsuyô (formule originelle que l’on trouve souvent modifiée en Seiryoku zen yô) est avant tout une expression compacte et assez hermétique. Les caractères sont simplement juxtaposés et c’est dans le courant de la lecture que ce forme le sens, à la manière chinoise. L’effet de la calligraphie est d’abord un impact esthétique, au même titre qu’un tableau, avant de faire référence à un héritage culturel. Le sens vient ensuite, chargé du contenu émotionnel propre à ce mode d’expression, volontairement choisi par Jigoro Kano pour donner plus de force à son message.
SEIRYOKU : force motrice du corps et de l’esprit, l’énergie vitale.
SAIZEN : ce qu’il y a de mieux (dans l’acception juste, bien), ce qu’il y a de plus adapté, ce que l’on peut faire ou obtenir dans la limite du possible ou de nos capacités.
KATSUYO : utiliser dans un but pratique, utiliser de façon à obtenir un résultat, littéralement mettre ou garder en mouvement (donner vie) et utiliser. De là, on proposera une traduction que chacun est libre de nuancer…
<– SEIRYOKU SAIZEN KATSUYO : la meilleure exploitation de l’énergie
SEIRYOKU ZENYO : utilisation habile et bonne de l’énergie. «
Yves Cadot, Judo Magazine 180, oct. 1999.
Esprit – Technique – Physique
La progression du judoka est marquée par le grade qui est le reflet de ses évolutions dans les 3 valeurs :
- le Shin qui intègre l’intelligence dans le combat, mais également la valeur morale du judoka et sa capacité à transmettre aux autres
- le Gi qui représente le savoir-faire, l’expertise et la maîtrise techniques
- Le Taï avec l’ensemble des qualités physiques au service de la technique, pour atteindre un maximum d’efficacité
SHI – GHI – TAÏ
心技体
Esprit – Technique – Efficacité
Shin, Gi et Tai correspondent à trois éléments unis dans la pratique mais distincts dans la conceptualisation. Leur ordre de présentation ne présume en rien de leur priorité ou importance : les isoler permet avant tout l’analyse de leurs interdépendances.
« Shin
Le caractère Shin, qui peut également se lire kokoro, est une représentation stylisée du cœur (l’organe) dont il a également le sens. Mais l’image véhiculée est celle du centre d’un système qui irrigue jusqu’au plus petit des vaisseaux sanguins, jusqu’à la moindre cellule puis qui recueille, retraite en retour pour à nouveau alimenter de « sang neuf » le système tout entier.
De façon générale, il s’agit donc de ce qui se trouve au centre. Au centre de l’émotion, du mouvement, de la motivation, de l’intention et c’est pourquoi il possède également ces différents sens ainsi que celui de force spirituelle. Shin représente donc la dimension spirituelle. Gi
Le caractère Gi signifie « main capable d’un travail aussi minutieux qu’une petite branche ». Il s’agit de la technique, mais il faut la différencier du jutsu de jû-jutsu, par exemple. Dans le second cas, il s’agit de techniques codifiées et traditionnelles transmises de maître à disciple sans ajout ni modification. Gi, lui, n’est ni la méthode, ni la « recette », mais la maîtrise de cette technique, par le travail, par la pratique. Il s’agit de l’habileté technique intériorisée. Ce même caractère peut également se lire « waza », que l’on retrouve notamment dans tokui-waza, le « spécial », ou plus exactement « la technique dont on a la connaissance la plus intime ».
Tai
Le caractère Tai (avant qu’il ne soit simplifié fin 1946) signifie « les os correctement organisés ». Tai est le corps (Tai-otoshi), la dimension physique, le moteur du mouvement. Il est le moyen par lequel s’exprime le shin au travers de gi. Sa capacité de réponse à l’intention et d’adaptation à la situation dépendant du niveau de pratique. La répétition précise des mouvements, aussi bien des techniques que des habiletés techniques fondamentales sur de longues années permet d’entretenir et cultiver ce que l’on appelle « la mémoire du corps » ou karada no oboe (karada étant une autre lecture possible du caractère Tai). »
Yves Cadot, Judo Magazine 184, mars. 2000.
Entraide et prospérité mutuelle
Énoncé Jigoro Jano dans son ultime maxime, à contre-courant avec les écoles d’art martiaux du Japon. C’est ce principe que nous essayons de perpétuer et d’enseigner aux pratiquants à tous les niveaux, à tous les âges. En judo, les progrès individuels passent par la progression du groupe puisque la présence du partenaire est indispensable, celle du groupe est bénéfique.
JITA KYOEI
自他共栄
Entraide et prospérité mutuelle
« Comme Seiryoku Saizen Katsuyô, Jita Yûwa Kyôei est une calligraphie. Pour un Japonais, elle éveille donc les mêmes effets esthétiques, émotionnels, culturels à la lecture. D’ailleurs, si le terme yûwa apporte un complément de sens indéniable, il semble qu’il ait surtout pour fonction d’équilibrer graphiquement et rythmiquement les deux expressions qu’elle complète. Elle est le plus souvent exprimée, par Jigoro Kano lui-même, par Jita Kyôei.
JITA: soi et les autres. Exprimé de façon elliptique : ji-riki, « sa propre force » et ta-riki, « la force de l’autre ». Ces deux termes bouddhiques expriment deux notions antagonistes : le premier signifie que notre réalisation ne dépend que de notre propre force tandis que le second exprime qu’elle est entièrement dépendante de la force de l’autre.
Yuwa : deux sens possibles: s’ouvrir aux autres et entretenir avec eux de bonnes relations, une bonne entente et/ou se fondre harmonieusement.
Kyoei : prospérer ensemble. EI signifie prospérer selon les trois plans matériel, physique et spirituel, sans qu’il s’agisse d’en exclure aucun dans l’interprétation de cette formule.
JITA KYOEI : prospérité mutuelle par notre force et celle des autres. «
JITA YUWA KYOEI : entente harmonieuse et prospérité mutuelle par notre force et celle des autres.Yves Cadot, Judo Magazine 181, nov. 1999.
Pour aller plus loin, c’est ici.
Shu-Ha-Ri
Shu Ha Ri est un concept des arts martiaux japonais. Il décrit les trois étapes de l’apprentissage.
Shu-Ha-Ri
守破離
Suivre les règles – Expérimenter les règles – Être sa propre règle
Ce sont les trois étapes par lesquels un élève doit passer pour apprendre une compétence.
Shu(守:しゅ, « protéger », « obéïr ») Suivre les règles (à partir de la ceinture blanche) — sagesse traditionnelle — apprendre les fondamentaux.
Ha(破:は, « se détacher », « digresser ») Expérimenter les règles (à partir de la ceinture verte) — casser avec la tradition — trouver les exceptions à la sagesse traditionnelle, trouver de nouvelles approches.
Ri(離:り, « quitter », « se séparer ») Être sa propre règle (créer son propre judo – ceinture noire)— transcender — il n’y a pas de technique ou de sagesse traditionnelle, tous les mouvements sont permis. ¹
À l’origine, Le concept Shu Ha Ri était utilisé dans les arts martiaux et dans le jeu de go.
Source Wikipedia
Cette méthode est basée sur la tradition hiérarchique dans le dojo. L’élève apprend beaucoup avec la répétition de gestes fondamentaux sous la supervision d’un professeur. Il s’entraîne durant des années avant de se détacher des règles et de créer son propre style de combat.
Aujourd’hui, on entend parler de Shu Ha Ri dans les entreprises qui souhaitent mettre en place des méthodes « agiles ». Toyota est la première entreprise à avoir appliqué ce principe au sein de son entreprise.